Les médaillons en bronze feints situés au centre de chaque côté de la voussure représentent-ils le cycle des Quatre Eléments? On peut apporter une première réponse avec la concordance des sujets et des figures dans les œuvres précédentes de Simon Vouet.
1. Michel Dorigny, Junon et Iris ou L’Air, gravure d'après Simon Vouet, 1644 C’est dans le catalogue d'exposition Vouet sous la direction de Thuillier (B. Brejon de Lavergnée et Lavalle), publié en 1991, qu’on trouve une série de cinq gravures de Michel Dorigny d’après Simon Vouet. Yves Picart, lui, dit les avoir trouvées dans un ouvrage de R. Duménil, avec la cote EST DA 7 mais sans préciser le lieu de conservation En traduisant (approximativement) les vers latins sous chaque gravure nous pouvons identifier les sujets : On a donc associé : Jupiter et le feu ; Saturne et l’eau ; Iris et Junon et l’air, Cybèle et la terre, et au centre du plafond : Céphale et l’Aurore. Écoutons maintenant l’abbé Pierre Guilbert dans sa Description historique du château de Fontainebleau, petit ouvrage publié en 1731 : il associe dans le cabinet de la Reine, dit le Cabinet de Clorinde les 4 éléments à 4 dieux : le feu à Jupiter, l’eau à Neptune, l’air à Junon et la terre à Cérès. Mais il n’est pas dit par qui ont été exécuté ces quatre éléments. En revanche il continue sa description par ces termes : En sortant du Cabinet de Clorinde, on entre dans la Galerie de Diane par un Vestibule qui sert à présent de passage, et que Vouet a enrichi des quatre éléments sur toile, de quelques Satyres, Termes, figures d'idées, et de divers autres ornements en grisaille, qui mériteraient un jour plus avantageux et une place plus digne du Peintre et de son ouvrage. Au milieu du Plafond l'Aurore enlève Titon jeune Prince d'une rare beauté. On a donc dans deux salles contiguës un cycle des quatre éléments qui semblent assez proches puisqu’on retrouve la même association des dieux aux éléments. On peut facilement imaginer dans ce Vestibule de la Reine une toile sur chaque mur et au plafond, une autre représentant l’enlèvement de Tithon par l’Aurore. Revenons à présent à notre décor de la Chambre de Jacques II. Dans les voussures du plafond, nous pouvons voir au centre de chaque côté un médaillon en bronze feint, c’est-à-dire un trompe-l’œil imitant un bas-relief en bronze. Élément du décorum, le bronze feint permet d’insérer dans le programme d’ensemble des scènes indépendantes. Il semblerait que Simon Vouet ait élaboré son programme iconographique en s’inspirant de ses toiles peintes de Fontainebleau, en tout cas pour trois des quatre médaillons de la voussure. Nous avons deux scènes se déroulant dans les airs, une sur la mer, et une sur terre. A chaque fois sont représentés un ou deux personnages principaux, entourés de nymphes, créatures divines ou autres figures ornementales. Pour avoir rapidement reconnu Neptune enlevant Amphitrite sur son char (fig. 4), une scène se déroulant autour d’un autel au-dessus de la cheminée, et Jupiter sur des nuages, Dézailler d’Argenville en a conclu qu’il s’agissait des quatre éléments : « Au-dessus de ce grand morceau règne une frise rampante, ornée de cartouches dans ses milieux, où sont les quatre Eléments en bas-reliefs feints de bronze »[2]. Mais lorsqu’on se penche de plus près de la signification de ces faux bronzes ovales, le lien entre chaque scène et un élément ne nous semble pas aussi évident. Car si Le char de Neptune ou L’eau (fig. 4) nous paraît assez évident, les autres associations sont plus problématiques. à suivre... [1] PICART Y., Simon Vouet, premier peintre de Louis XIII- La période parisienne (1628-1649), Paris [2] DEZAILLER d'ARGENVILLE fils, Voyage pittoresque des environs de Paris ou Description des maisons royales, châteaux & autres lieux de plaisance, situés à quinze lieues aux environs de cette ville, Debure l'aîné (Paris), 1779, p. 12