En 1351, sur la lande bretonne entre Josselin et Ploërmel, un combat singulier s’est déroulé, où vont s’opposer les partisans de Charles de Blois, neveu du Roi de France, et ceux de Jean de Montfort, défenseur des ducs de Bretagne, appuyé par les Anglais.
Loin d’être un épisode de la Guerre de Cent ans, c’est au cœur de la Guerre de succession de Bretagne (1341à1365) une sorte de tournoi où trente et un (et non trente) bretons blésistes (venus de Blois) dirigés par Jean de Beaumanoir ont jouté contre trente et un anglais. Le motif selon une source, pour les beaux yeux des dames, ailleurs pour venger l’insulte faite à un des partisans des protagonistes. Le combat d’une journée s’achève par la mort de six français et de neuf anglais, la victoire des Français et la mort de leur chef, Jean IV de Beaumanoir
Le combat des Trente
Avant le terme du combat, Beaumanoir est blessé ; amoindri par la chaleur, le combat et le jeûne imposé avant un tournoi, il demande à boire … pour recevoir de son compagnon Geoffroy de Blois cette seule réplique : « Bois ton sang, Beaumanoir, ta soif passera». Ce qui devint la devise des Beaumanoir.
La saga des Beaumanoir a été rapportée par Auguste Hilarion de Kératry (1765-1859), homme politique, ancien député du Finistère, écrivain et philosophe, dans une série romancée en quatre volumes parue en 1822 et 1825, intitulée « Le Dernier des Beaumanoir» ou « La Tour d’Elvin » *
L’Histoire a des prolongements parfois inattendus.
Le comte Hilarion de Kératry vient se fixer au Port-Marly en 1832. Il y fait construire un modeste et élégant Chalet, La Source, sur le coteau des Ormes. Il a cessé d’écrire. Plus politique, il est conseiller d’Etat, il sera Pair de France ; il siège modestement au Conseil Municipal du Port-Marly.
Kératry : caricature par Daumier
Rendez-vous maintenant sur le coteau prolongeant les Ormes, celui des Montferrands. Un autre écrivain y règne fastueusement depuis 1846, dans sa réduction de Paradis terrestre, le Château de Monte Cristo : Alexandre Dumas.
Quel sentiment éprouve t’il pour le vieil hobereau breton, son voisin ? Lui jeune, en pleine puissance de son art et fier de sa notoriété ironise sur le Pair de France, Président… au bénéfice de l’âge, surnommé parfois « l’obséquieux ».
En faisant visiter sa ménagerie**, Alexandre ne manque pas de présenter complaisamment sa guenon préférée baptisée, souligne t-il malicieusement, en raison « de certaines caractéristiques physiques » : « La dernière des Laidmanoir »..
Lire :* Hilarion Auguste de Kératry : « Le Dernier des Beaumanoir » (numérisé sur internet)
** Alexandre Dumas : « Histoire de mes bêtes »
Josette Desrues